Parcours
Née dans une ville que je n’ai jamais vue, Chalons sur Marne, j’ai beaucoup déménagé dans ma jeunesse, regrettant à chaque fois les lieux que j’avais entrevus, les amitiés que j’avais à peine eu le temps de nouer. Dès que j’ai pu le faire, je n’ai eu de cesse de garder une trace du présent, sous forme de photo, de film, de dessin ou de peinture.
Mon premier ancrage solide a été le pensionnat de la Légion d’Honneur de Saint-Denis dont l’architecture extraordinaire m’a durablement marquée, de même que Lucienne Vigor professeure peu conventionnelle dans ce cadre austère. Les années de lycée en section arts plastique ont enchanté mon adolescence. Dans l’atelier ouvert en permanence certain jours, nous pratiquions librement toutes sortes d’activités, du dessin classique à la peinture sur soie. Nous maniions la scie à chantourner, les encres, la gouache et la peinture à l’huile. C’était dans les années 70. L’esprit de 68 était encore vivant. Les épreuves en 4 heures n’étaient pas surveillées, on écoutait de la musique d’Elton John en échangeant…
En outre, nous sortions beaucoup, à Beaubourg récemment ouvert, et à toutes les expositions possibles, sans distinction d’âge.
La sortie de ce cadre pour entrer en classe préparatoire a été une rupture. Ces études ne m’enchantaient guère. Je n’avais pas envie d’enseigner ni de faire science-po. Il m’est arrivé de sécher les cours deux jours deux jours d’affilée juste pour peindre et sortir momentanément de l’apnée des textes.
Toutefois, la licence de lettres m’a permis d’enseigner pour assurer mon indépendance. Toujours décidée à rejoindre une filière artistique, j’ai commencé à travailler dans l’atelier de José Ostria, peintre et restaurateur (notamment de fresques) afin de préparer le concours de l’IFROA (Institut français de restauration d’œuvres d’art, actuellement partie de l’Institut National du Patrimoine). L’idée de José était simple : nous trouvions des tableaux à restaurer, il nous guidait, et le revenu que nous en tirions nous permettait de payer ses cours.
La restauration de tableau est un travail minutieux qui exige de la patience. Au concours, les épreuves d’admissibilité la copie de couleurs, la chimie, le dessin ne m’ont pas posé problème, l’analyse d’une œuvre à l’oral non plus , mais le “décollement au scalpel de couches de peintures superposées” n’a pas été une réussite. J’ai été recalée à la dernière série d’épreuves. “Vous auriez dû vous entrainer au décollement” m’a dit José. Il avait raison. Mais avais-je vraiment l’application nécessaire pour un travail aussi minutieux ? J’aimais créer dans l’urgence.
Ayant rapidement obtenu un poste fixe à Notre-Dame de Mantes-la-Jolie, un établissement que j’ai toujours apprécié, j’ai renoncé temporairement à la restauration pour passer les concours d’enseignement. Parallèlement, je poursuivais les cours à l’atelier de José Ostria, mais en peinture désormais.
D’origine bolivienne, José Ostria avait un regard à la fois curieux et distancé sur la vie artistique parisienne. C’était un homme d’une grande expérience, mais discret, sensible et modeste. Son atelier était « chez lui ». Nous le voyions aussi travailler et Il suivait nos projets en nous aidant à les mener à bien sans imposer sa marque. Ses élèves conservaient leur individualité. Il offrait un regard critique, mais n’avait pas d’idée préétablie sur ce que devait être la peinture. C’est lui qui m’a initiée à l’acrylique. Il nous conseillait aussi de dessiner tout le temps, n’importe où, pour éduquer notre regard.
Une fois installée à Maisons-Laffitte avec deux enfants, j’ai ralenti mes activités picturales, sans les abandonner néanmoins. Vers 1999, je me suis dit qu’il serait peut-être moins contraignant d’enseigner à l’université et j’ai entrepris de soutenir une thèse, ce que Lucienne Vigor trouvait parfaitement absurde. Elle n’avait pas tort, mais j’ai apprécié cette incursion dans les études et le fait de clore un parcours de recherche en littérature comparée entrepris avec Jean de Palacio depuis 1985.
Concernant la peinture, ce qui me manquait alors était un atelier. Mes premières tentatives d’en trouver un à Maisons Laffitte en 1995 avaient été infructueuses. Les cours que j’avais pu observer dispensaient un enseignement technique. Ce n’était pas des lieux d’échange. Or l’atelier est pour moi une sorte de creuset qui s’enrichit de la confrontation avec les autres.
C’est cet esprit que j’ai retrouvé en travaillant trois ans avec Carole Melmoux : un parcours, une dynamique qui dépassent le cadre du cours. Grâce à elle, j’ai aussi fait connaissance de François Legrand et vu émerger l’atelier de la rue Chaptal.
Parallèlement, j’ai développé mon propre atelier à Maisons-Laffitte.
A mon sens, une œuvre est le résultat d’une rencontre : ce moment où l’on perd les repères et les préjugés qui nous préservent habituellement pour observer le monde, les autres, les couleurs avec un oeil étonné d’enfant. Capter ce que l’on perçoit alors, et parvenir à transmettre cette émotion est une des vocations de l’artiste. L’atelier facilite cet échange en confrontant des personnalités différentes.
Jalons
Janvier 2024 | Exposition au Salon d’automne dans la section Figuration |
Juin 2021 | Exposition personnelle « Diptyques » à La Tangente, 32, rue de l’Ermitage, Versailles |
Novembre2018 Janvier 2019 |
Exposition personnelle « Couloirs et ferronneries à Saint-Denis » 64 rue de Rome à Paris |
2015 | Ouverture de l’atelier de Maisons-Laffitte |
De 2005 à 2015 | Coordinatrice de lettres (niveau lycée) au Lycée Notre-Dame de Mantes-la-Jolie |
1985 à ce jour | Professeure de lettres à Mantes-la-Jolie. |
Avril 2005 | Thèse de doctorat de l’université Paris IV : « Ce hideux chef-d’œuvre ». Lectures, traductions, illustrations des Liaisons dangereuses. France, Allemagne, Angleterre, 1860-1914. Thèse de littérature comparée soutenue en présence de M. Jean de Palacio, M. Michel Delon (directeur de thèse) M. Stéphane Michaud, Mme Sylvie Thorel. Mention très honorable avec félicitations du jury. |
7 au 27 avril 2001 | Exposition personnelle à la galerie Art présent, 79 rue Quincampoix, Paris |
Juin 1997 | Mémoire de D.E.A. en littérature comparée : Présence de Laclos au XIXe siècle sous la direction de Jean de Palacio, soutenu en présence de Laurent Versini, Université Paris IV. |
1995 | Admission au concours externe de l’agrégation de lettres modernes. |
1989 à 1998 | Elève de José Ostria, (dessin et peinture) |
1990 | Admissibilité au concours de l’Institut Français de Restauration d’Œuvres d’Art (section peinture de chevalet). |
1987-1989 | Préparation du concours de l’Institut Français de Restauration d’Œuvres d’Art à l’atelier de José Ostria, rue de Ridder, 75014 Paris. |
1986 | Maîtrise de littérature comparée : Homo duplex, étude sur le double dans la littérature et l’iconographie fin de siècle en Europe, sous la direction de Jean de Palacio, Université Paris IV. |
1984 | Licence de lettres modernes à l’Université de Paris-Sorbonne, Paris IV. |
1981 à 1983 | Première supérieure et Lettres supérieure au Lycée Victor Duruy à Paris. |
1981 | Baccalauréat A 7 (section arts plastiques). |